L’ami imaginaire : psychologie ou paranormal ?

Sujet banal de prime abord, “l’ami imaginaire” s’avère plus complexe qu’on ne pourrait le penser. Tant et si bien qu’en 2021, nous avons à disposition beaucoup de théories, parfois radicalement opposées, mais aucune ne décrivant le phénomène dans son intégralité et apportant une réponse satisfaisante en tout point.

Qu’est-ce qu’un ami imaginaire ?

C’est un personnage fictif amical, inventé de toutes pièces par une personne.

A l’origine de cette invention, nous retrouvons majoritairement un enfant. Cependant, cela arrive aussi à des adolescents voir même des adultes !

Que dit la psychologie ?

Depuis la fin du XIXème siècle, différents scientifiques se sont penchés sur la question : médecins, psychologues, psychiatres, puis sociologues, neurologues ou pédagogues (pour ne citer que ces corps de métier).

Pour certains, l’invention d’un ami imaginaire révèle une carence affective plus ou moins sévère, et ce, qu’importe l’âge de “l’inventeur”.

Pour d’autres, cela n’est le symptôme d’un problème que si l’individu a dépassé l’âge de raison (estimé à environ 6 ans, soit la période où l’être humain est en mesure de fixer des règles morales – ce qui est bien ou ce qui est mal).

Et les derniers estiment une échelle où seul un certain degré de présence de l’ami imaginaire devient problématique, tout âge confondu.

Ce sujet met finalement l’accent sur la difficulté principale rencontrée dans les sciences humaines ou en parapsychologie : l’objet d’étude évolue constamment et montre de trop grandes disparités.

7 milliards d’êtres humains et certainement 7 milliards de psychologies, dans des sociétés variées qui changent de plus en plus rapidement !

Quand l’humain est au cœur de votre métier, on vous apprend durant vos études à interroger toutes les théories disponibles, à vous les approprier et à fonder ainsi votre propre théorie, qu’il faut confronter à la réalité du terrain.

Il n’existe donc pas de théorie universelle, mais uniquement des consensus en perpétuelle évolution.

1. Ce phénomène est très courant chez les enfants de moins de 6 ans. Mais, il apparaît en général entre 3 et 4 ans et finit par disparaître comme il est venu. Certains enfants finissent même par l’oublier complètement au bout de quelques années.
2. Chez les adolescents, l’apparition d’un ami imaginaire devrait toujours poser questions. Période sociale sensible par définition, cet ami fictif pourrait révéler à minima un besoin important d’extériorisation. Il pourrait aussi être l’expression d’un trouble psychiatrique, comme la schizophrénie. 
3. Je n’ai jamais observé ce phénomène chez les adultes, mais il m’apparait du même ordre que chez l’adolescent. 

Ces trois points de vue englobent à mon sens la  grande majorité des cas d’ami imaginaire.

Cet ami imaginaire s’interprète donc rationnellement comme :

1. l’expression naturelle de l’imagination d’un enfant,
2. un indice de solitude mal vécue chez l’adolescent ou l’adulte,
3. un symptôme d’une pathologie psychiatrique.

Les cas troublants : une infime minorité.

Même armé des plus grandes théories scientifiques, certains cas (chez l’enfant, dont la séparation entre réalité et imaginaire est en cours de définition) sèment le doute, voire la peur.

1. Certains enfants décrivent leurs amis imaginaires de manière très détaillée, avec un vocabulaire qu’on ne leur soupçonnait pas.
2. Des représentations fantomatiques d’amis imaginaires ont été dessinées par des enfants, alors que la symbolique du fantôme était censée leur être inconnue.
3. Des enfants ont rapporté être en relation avec un proche décédé (mort lointaine ou récente – dont ils ont eu connaissance ou non).
4. Certaines paroles d’amis imaginaires rapportées par les enfants sont glaçantes : “mon ami veut te voir mourir”, “mon ami m’a dit qu’il allait te pousser dans les escaliers”, “il m’a raconté qu’on l’avait pendu”…

De quoi troubler les plus rationnels d’entre nous ! Mais qui peuvent aussi s’expliquer, des fois, après avoir creusé un peu : conversation entendue, transmission d’informations par une tierce personne, influence extérieure (dessins-animés ou livres), etc.

Mon enfant a un ami imaginaire : que dois-je faire ?

Votre enfant parle à un être invisible quand il joue seul dans sa chambre ? Il vous raconte des histoires farfelues sur une personne qui n’existe pas ? Pas de panique !

Il s’agit probablement d’un ami imaginaire tout à fait banal.

Mais comment s’en assurer ?

Prenez tout d’abord un peu de recul et demandez-vous si cet ami imaginaire représente une gêne pour votre enfant ou pour votre famille.

Si la réponse est non, laissez tout simplement les choses suivre leur cours. 

Mais si une gêne apparaît, parlez-en à votre médecin traitant. Posez également des questions aux différentes personnes habituellement en charge de votre enfant pour savoir si ce phénomène déborde du cadre familial ou non. 

Selon les faits mis en évidence, ces différents professionnels pourront vous orienter vers un spécialiste adéquat. 

Exemples de gêne : Cet ami fictif est présent très souvent, voire tout le temps, et empiète sur votre vie de famille. Votre enfant montre des émotions négatives, parfois vives, en rapport avec cet ami (parce que vous vous êtes assis sur lui ou parce vous n’avez pas mis de couverts à table pour lui). Votre enfant accuse cet ami d’être responsable de bêtises qu’il a lui-même commises. Il s’isole en limitant ses interactions avec vous et ses proches.