
Les dossiers “Zoom sur…” : pour présenter et questionner !
Pour ce 3ème épisode, rendez-vous au milieu de nulle part, ou plutôt au cœur de l’océan Pacifique, sur l’Île de Pâques.
Mondialement connue pour ses statues Moaï, ce morceau du bout du monde recèle bien d’autres trésors mystérieux.



PRÉSENTATION CONVENTIONNELLE
Cette île volcanique chilienne est à 3525 km du continent sud-américain.
La terre la plus proche est l’île Pitcairn, à 2075 km.
L’Ile de Pâques est donc très isolée.
Son nom autochtone est Rapa Nui.
Nous y trouvons un paysage unique, dont seuls les vestiges intrigants et majestueux sont à même de détourner notre attention.
Les experts estiment de manière non-argumentée à 800 à 1200 de notre ère l’arrivée des premiers habitants et la construction des Moaï à 1300 à 1500 de notre ère.
Dans les années 2000, une étude sur le génome de la population rapanui a montré une prédominance polynésienne (76%).
Quatre faits archéologiques interpellent : les statues Moaï, les terrasse empierrées (les ahus), des murs cyclopéens et une écriture à ce jour indéchiffrée (le Rongorongo).



QUE SONT LES MOAÏ ?
Ce sont des statues mégalithiques en basalte dont la taille varie entre 2,5 et 9 mètres.
Les plus grosses atteignent 80 tonnes !
Les statues sont initialement composées de trois éléments : un corps d’un seul bloc, à “chapeau” (pukao) en tuf et d’yeux blancs en corail avec pupilles en obsidienne ou en tuf.
La plupart a cependant perdu ses apparats.
Certaines statues sont posées sur des terrasses empierrées tandis que d’autres sont à même le sol, voire ensevelies en partie.
Nous ne savons rien de leur signification, de leur méthode de fabrication ou de transport ni du choix de leurs localisations.
Certaines contemplent l’intérieur de l’île, tandis que d’autres scrutent l’horizon marin.
Fortement érodées par l’air iodé et le temps, beaucoup de statues sont abîmées. Cependant, certaines, ensevelies un temps, montrent une précision de taille et d’ornement absolument incroyable.



LES DATES ESTIMÉES DE CONSTRUCTION DES MOAÏ SONT-ELLES VALABLES ?
Il existe différentes techniques de datation en archéologie. Celle du carbone 14 est sans doute la plus connue et la plus utilisée. Elle se limite cependant aux vestiges organiques.
En ce qui concerne la roche, il est possible d’estimer son âge géologique (quand elle s’est formée naturellement), mais pas sa taille (sa découpe). Les archéologues s’appuient donc sur les vestiges organiques retrouvés aux abords des vestiges minéraux pour établir une datation.
Cela peut sembler logique de prime abord, mais cela revient à la même chose dans la situation suivante.
Vous êtes propriétaire d’une vieille maison que vous avez acheté. Vous faites un bon barbecue dans votre jardin et un os de côtelette se retrouve dans la végétation. Petit à petit, la terre va le recouvrir. 2000 ans plus tard, un archéologue retrouvant votre os cuit affirmera que vous avez construit votre maison.
Ça aurait pu, mais non.
En ce qui concerne les statues Moaï, les experts établissent leur date de construction entre le XXIIIème et le XVème siècle. Pourquoi ?
Euh…Il n’y a concrètement aucun élément permettant d’étayer leur hypothèse.
La première civilisation ayant occupé l’Île de Pâques a bien utilisé une écriture, mais elle est restée indéchiffrable. De toute façon, les archéologues estiment que cette langue écrite ne devait servir qu’à des fins d’inventaire. Sans déconner.
Soit cette civilisation s’est totalement éteinte avant une nouvelle vague migratoire, soit elle a finit tellement réduite qu’elle a été totalement avalée par les cultures suivantes.
Quoi qu’il en soit, même la culture orale n’en retrace pas l’Histoire.



QUE NOUS APPREND L’ASPECT MÉGALITHIQUE DES MOAÏ ?
Mis à part le fait que la construction et le transport ont du être très compliqués, rien.
Par contre, les questions à poser sont innombrables, et rejoignent celles imposées par d’autres sites mégalithiques du globe. D’ailleurs, la photo ci-contre vous fera sans doute penser à l’obélisque inachevé d’Assouan en Égypte. Cette taille globale à même la roche de la falaise… Ce gigantisme rendant tout travaux à l’ère moderne inenvisageables…
Dolmens, pyramides, statues, temples ou forteresses, chaque site mégalithique laisse pantois celui qui veut bien sortir des clous.
Et quels clous acceptons-nous comme consensuels, faisant confiance à ceux censés savoir plus que nous.
Vous trouvez la comparaison avec d’autres sites mégalithiques un peu rapide ?
N’oubliez pas que nous avons également mentionné des murs cyclopéens…



QUE NOUS APPRENNENT LES CONSTRUCTIONS CYCLOPÉENNES ?
Nous avons fait connaissance dans l’épisode précédent au Pérou avec ce que l’Archéologie Interdite appelle “murs cyclopéens”. Nous avons également été averti·e·s que ces murs typiques pouvaient se trouver aux quatre coins de la planète.
Voici donc notre deuxième exemple concret !
Nous observons des blocs massifs, parfaitement ajustés, avec des formes bien spécifiques.
Nous savons que ce mode de construction assure une grande longévité à l’ouvrage, avec des normes antisismiques. Pourtant, le nombre de vestiges cyclopéens sur l’Ile de Pâques semblent limité et très dégradé.
Il est évidemment important de prendre en compte dans notre réflexion que les conditions climatiques sont très différentes selon les zones géographiques.
Cette île additionne la corrosion marine à des forts événements volcaniques et sismiques.
Encore une fois, il nous est impossible d’avancer une datation de ces vestiges de murs, qui sont toujours perdus dans les pages de l’Histoire, malgré leur grande visibilité. Nous ne pouvons pas non plus établir que la construction de ces murs précédait ou suivait celle des statues Moaï.



QUE SAVONS-NOUS DES TERRASSES EMPIERRÉES ?
Étant d’origine géologique, nous ne pouvons affirmer de manière certaine aucune date.
Il y a cependant un point que nous pouvons soulever.
Comme sur le site de Saqsaywaman, nous observons trois degrés de technicité sur les constructions de l’Île de Pâques.
De la massivité complexe à l’ouvrage rapide, il se pourrait que la technique initiale se soit perdue progressivement de la connaissance des peuples.
Pourquoi ces terrasses ont été réalisées ? Pourquoi des statues Moaï sont posées dessus ? Pourquoi certaines statues ne sont pas sur des terrasses ? Personne ne le sait.



QUE SAVONS-NOUS DE LA LANGUE ÉCRITE RONGORONGO ?
Comme aucun linguiste ou analyste n’a réussi à la déchiffrer, pas grand chose.
Il n’existe d’ailleurs qu’une dizaine de tablettes retrouvées à ce jour.
Cependant, le mystère nous apporte à lui seul quelques éléments.
Le fait que ce code demeure indéchiffré malgré l’acharnement d’experts peut révéler :
- une grande complexité,
- un code dans le code,
- une représentation artistique et non scripturale,
- une quantité de données insuffisante.
Peu de recherches ou même de visites ont eu lieu sur l’Île de Pâques, certainement (en partie) à cause de son isolement extrême.
Mais tout comme de nombreux sites historiques, les conventions explicatives s’effritent au moindre contact.
Qu’importe ! Le bonheur ne se trouve-t-il pas sur le chemin, et non dans la destination ?
Ce que nous comprendrons ou découvrirons n’a qu’une importance mineure face à notre nouvelle capacité à tout interroger.


